Sunday 10 February 2008

LA CONTROVERSE DES STATINES

Nous ne répéterons jamais assez comment que l’épidémiologie peut être subjective selon qui finance l’étude. L’industrie pharmaceutique et Santé Canada ont beaucoup de comptes à rendre à la population en ce qui a trait aux études auxquelles les médicaments sont soumis avant l’approbation de leur mise en marché.

Les statines, le médicament qui fait baisser le taux de cholestérol, est rendu le sujet d’une grande controverse. Il y a beaucoup de littérature à cet effet lorsqu’on prend la peine de faire quelques recherches sur le web pour se documenter sur les pours et les contres des statines. Comment se fait-il qu’on vient tout juste de faire des études impartiales à leur sujet ? Sur quelles études est-ce que Santé Canada se base lorsqu’un médicament est approuvé par cette agence gouvernementale ? Est-ce qu’ils se basent uniquement sur des études où il peut y avoir conflit d’intérêt ? Pas très rassurant, n’est-ce pas ? On parle quand même d’un médicament dont les prescriptions comptent pour un peu plus de 10% des coûts défrayés par la Régie de l'assurance maladie du Québec, soit environ 300 millions de dollars.




Voici quelques extraits d’un article qu’on peut lire dans cyberpresse à cet effet :

La bataille du cholestérol

Le Dr Michel de Lorgeril ne refuse aucune tribune pour dire que le cholestérol ne bouche pas les artères. Selon le cardiologue français, le postulat selon lequel il faut à tout prix diminuer notre cholestérol pour protéger notre santé et améliorer notre espérance de vie, c'est de la foutaise, rien de moins. Le titre de son dernier livre? Dites à votre médecin que le cholestérol est innocent. Mais le Dr de Lorgeril n'a pas que des amis dans la profession...

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Mais voilà que des opinions émises par des chercheurs indépendants sur les statines - nom que portent les molécules de divers médicaments que l'on dit capables de faire chuter de moitié la concentration sanguine du cholestérol - viennent brouiller les cartes. Et si les statines n'avaient pas les vertus thérapeutiques préventives qu'on leur reconnaît?

À l'évidence, ni les statines ni le cholestérol ne font l'unanimité. Le débat qui s'est engagé entre les chercheurs indépendants d'un côté et l'industrie pharmaceutique de l'autre a pris des allures de combat. Les médicaments anticholestérol sont les plus prescrits au monde: 25 millions de patients en prennent. En 2006, les ventes ont totalisé 27,8 milliards de dollars, dont la moitié ont été engrangés par Pfizer avec son Lipitor.

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Tout a commencé par un communiqué conjoint de deux pharmaceutiques, Shering-Plough et Merck, sur une étude (l'étude ENHANCE) qui a débuté en 2004, qui a pris fin en 2006 et dont on publie maintenant, en 2008, les résultats. Selon un cardiologue de Yale, le Dr Harland M. Krumholz, ces résultats auraient dû être connus beaucoup plus tôt, même si les ventes de ce médicament avaient eu à en souffrir. Le médicament à l'étude, le Vytorin, renferme une statine et aussi de l'ézétimibe, moins puissant que la statine. Ce mélange a bel et bien réussi à mieux réduire le cholestérol qu'une statine seule, mais il a aussi causé un durcissement des artères. Bref, les quelque 750 patients américains qui ont pris part à l'étude n'en ont retiré aucun avantage. Faut-il en déduire que l'on devrait cesser de prescrire l'une ou l'autre des familles de statines?

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Jusqu'à tout récemment, les statines n'étaient pas sur la liste des priorités du Conseil du médicament, mais les choses pourraient changer. «Les statines nous préoccupent aujourd'hui pour deux raisons, affirme Marc Desmarais. D'abord, elles comptent pour un peu plus de 10% des coûts défrayés par la Régie de l'assurance maladie du Québec, soit environ 300 millions de dollars. Il faut nous assurer que cette dépense est justifiée. Et ce médicament, pour être efficace, doit être pris de façon continue durant plusieurs années, voire toute la vie. Des études québécoises démontrent que la persistance du traitement après trois ans est d'environ 30%. Ce qui revient à dire que 70% des gens à qui on les prescrit ne font pas un usage optimal des statines.

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