Sunday, 1 June 2008

LE PREMIER PAS À FRANCHIR


La philosophie de C.A.G.E. se base sur le principe fondamental que le corps de l’individu est souverain et nul n’a droit de s’y approprier au nom d’un bien-être collectif autant sur le plan de la santé que sur le plan économique.

Chez C.A.G.E., nous nous battons inlassablement sur tous les fronts pour dénoncer l’envahissement sournois de l’état dans nos vies qui finit par s’approprier de notre corps pour ainsi en faire une super machine performante au service de la collectivité.

‘’Qui oserait critiquer la norme dominante d’optimisation des corps et des organes, de prévention des risques et d’épanouissement’’, demande
François Cusset dans son article « Votre capital santé m’intéresse... » C’est précisément là que réside l’explication au phénomène du très peu d’organismes bien connus qui se battent pour préserver le droit sur l’être physique et moral de l’individu. Car nul ne désire être étiqueté comme un propagandiste de la mauvaise forme, d’une santé déficiente, d’un ‘’vice’’ quelconque. Et le mouvement politique hygiéniste – un partenariat bien établit entre corporations, gouvernement et groupes de pression mieux connu sous le terme fascisme – mise précisément sur cette crainte pour gagner petit à petit du terrain et faire du capital sur la santé de l’individu.

Prendre conscience du phénomène est sans aucun doute le premier pas positif à franchir. Se débarrasser des sentiments de culpabilité et de honte qui nous ont été insidieusement inculqués pour nous désarmer, est difficile mais pas impossible. Il n’est jamais trop tard pour renverser petit à petit la vapeur pendant qu’il nous reste encore des petites ouvertures qu’une démocratie de plus en plus agonisante met à notre disposition. Nous osons espérer que l’article de François Cusset ici-bas assistera plusieurs à franchir ce premier pas crucial.

Extraits de: « Votre capital santé m’intéresse... » (cliquez sur le titre pour lire l'article complet)

« Arrêtez de fumer, protégez votre capital santé ! » : le message a recouvert les murs de nos villes et les « unes » de nos quotidiens et magazines (1). Comme si, à force de n’en faire qu’un atout, un bien, un capital – dont le rendement dépendra des choix stratégiques et de la « responsabilisation » de chaque individu, l’on avait oublié que la santé est à la fois construction culturelle et éthique personnelle.
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Qui oserait critiquer la norme dominante d’optimisation des corps et des organes, de prévention des risques et d’épanouissement ? Elle est présentée dorénavant à la façon d’un processus naturel, ce bon instinct, en l’occurrence, que sauront réveiller en nous les nouveaux experts de la santé.
Car le capitalisme avancé, avec ses ressorts vitalistes, son impératif de mobilisation des corps, a rendu inaudible tout autre son de cloche. L’heure est au chantage unanime à la gestion individuelle de sa santé.
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En redéfinissant la santé comme une obligation personnelle de prévention, selon la logique aujourd’hui dominante du « risque » et de son imputation individuelle, les assureurs, les industriels du secteur et les médias spécialisés ont accrédité l’idée-clé d’un « devoir de santé » auquel oseraient déroger, à leurs dépens et aux frais de la collectivité, les fumeurs, les buveurs, les non-sportifs, les mangeurs malsains et autres dépressifs chroniques « refusant de se soigner ». C’est à eux, et à eux seuls, que doivent être imputées les faiblesses de leurs fonctions vitales, mais aussi, dans la foulée, celles de l’économie nationale, trop longtemps « redistributive », estiment ainsi les nouveaux économistes de la santé.
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Géants pharmaceutiques et experts d’Etat, ministères de la République et médias privés, annonceurs et comités d’éthique se retrouvent ici au coude à coude, moins au sens « complotiste » d’une alliance des puissants dans le dos du citoyen qu’au plus profond de la logique néolibérale – dont Foucault avait aussi en son temps proposé une généalogie historique (5).
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Ainsi, quand ce ne sont pas uniquement les ingénieurs de l’écologie ou de l’alimentation bio qui nous disent comment vivre, pour notre bien comme pour celui du corps collectif, mais encore les risquologues, les économistes, les thérapeutes de plateau de télévision, les entraîneurs sportifs et les sexologues « alternatifs », les géants du médicament et les politiques de tous bords, et jusqu’à la famille elle-même ou la direction des ressources humaines, soucieuses d’optimiser notre « capital santé », alors ce corps qu’on nous attribue cesse définitivement d’être le nôtre.

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